Ha, La galère !
Grand(e)s stressé(e)s ... Pas envie de conduire ... J'aime pas les voitures ... C'est trop dangereux ... C'est trop compliqué ... J'Y ARRIVE PAS !
Tout le monde n'a pas forcément envie de conduire. Depuis 1991 que j'enseigne la conduite, parmi tous les élèves que j'ai formé, je peux dire que les gens qui passent leur permis plus par obligation que par envie, sont plus nombreux que ce que l'on pourrait croire.
Il y a ceux qui ont peur et ceux que ça ennuie, mais ils n'ont pas toujours le choix et se retrouvent un jour face à leur réalité : "bon ben là, cette fois, faut que je passe mon permis !"
Du coup, ils s'y prennent sur le tard et il est vrai qu'en approchant la trentaine et plus, on apprend plus lentement et l'on est moins téméraire qu'à 18 ans.
Rajoutez, par dessus ça, une formation dans une grosse agglomération avec des périphs dans tous les sens, une circulation à rendre dyslexique, des klaxons qui vrillent les nerfs et une ambiance générale de stress psychopathique et vous obtiendrez pour certains élèves, un cocktail d'apprentissage détonnant !
Apprendre à conduire dans les grandes villes ...
J'ai appris et commencé le métier d’enseignant de la conduite à Lyon. Niveau hystérie de la circulation on y est pas mal servi, et en cinq ans d'enseignement dans cette, certes, belle ville des lumières, j'en ai vu passer quelques uns de ces grands stressés d'élèves.
Le plus difficile que je retiens en tant que moniteur dans une grande ville, est :
1- le choix du lieu en fonction de l'objectif à traiter (notamment avec les élèves débutants en compétence n°1 qui n'ont pas encore ou commencent avec les pédales) : le temps de se rendre sur le lieu d'entraînement, en tenant compte aussi du temps de retour, ne laisse pas toujours beaucoup de temps à l'élève pour s'entraîner.
2- les bouchons surprises qui mettent par terre le calcul hautement scientifique de la gestion du temps de la leçon et qui nous font rentrer à l'auto école avec 20 mn de retard sous le regard noir de la patronne et de l'élève suivant.
3- l’excitation et énervement des autres conducteurs qui mettent des coups d'adrénaline à nos pauvres petits élèves, qui n'ont pas besoin de ça en plus, tout stressés qu'ils sont déjà, à essayer de coordonner leur volant et leurs pédales, sans arracher une dizaine de rétroviseurs des voitures stationnées le long des rues.
Je ne dis pas que l'on ne peut pas réussir son permis de conduire dans une grande agglomération, je dis simplement que c'est plus compliqué car plus stressant.
Alors, pour des gens qui n'ont pas de soucis particuliers avec l'apprentissage de la conduite, pas spécialement peur, qui arrivent à refaire seuls les exercices rapidement, qui ne sont pas ou peu gênés par la circulation, pour eux, pas de soucis : pas besoin de prévoir une douche froide et une armée de kiné à la fin des leçons.
Mais les autres ...?
Ceux pour qui apprendre à conduire s'apparente aux 12 travaux d'Hercule ?
Comment faire passer la pilule en douceur ?
J'en arrive à cette idée tout bête qui a germé lorsque j'ai créé l'auto école en Ardèche. Après Lyon, lorsque j'ai donné mes premières leçons dans cette verte Ardèche, je me suis dit : "C'est presque trop facile !". 5 minutes pour se rendre sur n'importe quel terrain d'entraînement, pas de klaxons, des tas de routes désertes pour bosser le volant, les pédales, les vitesses, tranquillement et en plus de superbes paysages.
L'idée donc, de faire venir apprendre à conduire et passer le permis aux "galériens de la conduite", dans un environnement plus zen, s'est imposé à moi, et, avec l'aide d'Internet, le bruit à commencé à courir qu'au delà des villes, des autoroutes, des immeubles, du béton et du fer, il existe un pays merveilleux ...
L'Ardèche nous sauvera tous (ou presque ...)
"L'Ardèche, l'Ardèche !" me direz vous, "il y à d'autres département campagnard en France !"
Certes, mais ce long département aux petites villes possède plusieurs avantages qui rendent l'apprentissage de la conduite franchement plus aisé.
Déjà, comme dit plus haut, les élèves ont à leur disposition d'innombrables terrains d'entraînement au calme et adaptés à chaque niveau de la formation, et une ambiance routière générale plus sympathique et courtoise que les "démarre ou je te vaporise !".
D'autre part, l'accès à notre petite ville d'Annonay (18.000 habitants) est facile puisque proche du couloir Rhodanien. Grosso modo, nous sommes à une heure de Lyon, Saint étienne et Valence.
Le fait qu'Annonay soit un centre d'examen pour le permis de conduire, rend aussi les choses plus faciles, car les élèves connaissent bien la zone du coup.
Un autre point positif auquel je n'avais pas du tout pensé, est que certains élèves veulent aussi une forme d'anonymat, qui est impossible près de chez eux, et ce pour éviter une certaine pression que la famille où les amis peuvent parfois engendrer. J'ai eu aussi quelques élèves qui voulaient l'anonymat parce qu'ils étaient plus ou moins connus publiquement, mais chut ...
Et puis, comme me le disent souvent les élèves extérieur au département : "C'est quand même beau l'Ardèche !". J'ai même eu, il y a quelques années, deux frères d'origine tibétaine qui m'ont dit que les paysages leur faisait penser au Tibet ... Ce qui m'amène à me demander si le Dalaï Lama possède son permis ... Mais bref !
Attention, je ne dis pas que tout le monde devrait venir passer son permis en Ardèche et déserter les grandes villes. Je pense juste, ici, aux "galériens" du permis de conduire, ceux que cela peut aider de se mettre au vert et au calme.
Un dernier point qui m'a aussi aidé à mettre en place cet accueil d'élèves "lointains et en détresse" est que l'idée m'est venue rapidement après avoir créé l'auto école. Cela m'a permis de tout de suite organiser les plannings des leçons de façon à avoir toujours de la place pour programmer les stages de 10 ou 15 jours des élèves venant d'ailleurs.
Bon, après tout ça, j'aurai peut être droit à une subvention de la part de l'office de tourisme Ardéchois, ou de la mairie !
En résumé, je dirais que rien n'est jamais perdu, qu'il existe des solutions pour tous, j'en propose une qui intéressera ou pas, que les personnes intéressées pourront réaliser ou pas, mais dans tous les cas cela reste une porte ouverte.
Matthieu Jonac
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